Dernière mise à jour : 1er juillet 2024


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Dans ce court passage sur la Terre, il est un bien plus important que l’or, l’amour ou l’honneur, c’est la liberté.

La liberté est un bien si précieux, si mécanisé en notre siècle, qu’il faut bien, de temps à autre, qu’une roulotte de saltimbanques passe sur une route, claquante de couleurs, comme un pavillon d’espérance.
Le rêve n’a jamais fait de mal à l’homme.
A bord de leur roulotte, ils entendaient le vent siffler comme une scie le long des forêts, se faisaient accompagner par les hirondelles rasant leur voiture dans les nuits tièdes, cueillaient d’un regard les fleurs mauves bordant les chemins creux.
Cette troupe de bras cassés … ‘Il faut le manier le gros marteau d’Homme du voyage’ … connaissaient des villes blanches, des ciels bleus, de grands silences, les brumes de l’aube, le coup de lune, cherchant sans cesse de nouveaux visages. Ils vivaient leur vie, la vraie, la plus pure, si proche de la liberté.
Le cirque démonté comme un puzzle était chargé sur la remorque, tandis que la caravane partait vers l’inconnu.

Et pendant ce temps, doucement, très doucement la clé de la vie tourne, comme celles des boîtes à musique…

Sur une route, la pluie tombait. L’automne dansait et Fortuna Major Circus chavira. Il aborda la descente d’un village avec deux roulottes, l’une blanche avec un fer à cheval jaune, la seconde verte et blanche au nom de la famille Fortuna Major Circus. C’était un cirque saltimbanque de batteurs de grosse caisse, un cirque aux nostalgies. Une caravane ayant un tambour pour rose des vents, s’en allant vers son aventure quotidienne, entre une fricassée de poissons multicolores se tordant sur un lit de braise, des rires de pantrillons, et des fantaisies acrobatiques. Ceux-là n’avaient pas abandonné la tradition. Sans défaillances, ils cherchaient l’aventure perpétuelle et leurs espoirs, se confiant à leur étoile, sachant bien qu’un peu de rose surgirait au bout de leur chemin.
Alors la pluie cessa. Et ce fut la halte des circassiens.
Quand je vis débarquer ce minuscule chapiteau, je commençais par être étonné. Je croyais pourtant connaître le cirque. Un cirque déballant ses toiles et ses mâts, c’est un peu comme une naissance.
Qui va venir au monde ? Je m’étais contenté de laisser errer mon regard sur des accessoires, un chien accroché à un chariot tandis que des colombes volaient dans une cage, un enfant et une chèvre trottaient en liberté.
Puis le cirque s’éleva. Il n’était ni beau, ni laid, plutôt délavé. Un cirque ayant l’habitude de passer à travers les rafales de pluies et des coups de soleil, ne possédant que deux petits mats. Bien accrochée à la terre, la grosse tente recevait maintenant sa dernière parure de girandoles électrique et de drapeaux à leurs sommets. En piste, pas de sciure, simplement des copeaux, trouvé chez le menuisier du village et dans le ciel du chapiteau, un ciel fort bas, au reflet lunaire du vert luisant des lumignons. Les voitures illuminées, ornées de burlesques, entourant ce cirque et le protégeant comme une haie impénétrable. S’aventurer sans les codages relevait de la folie. Le chien savant, à l’attache sous la roulotte, attendait sa pâtée en jappant… ah les mollets ! Une chèvre dressée s’était allongée sur son lit de paille…Aie les cornes ! Sans compter le labyrinthe des pinces, cordages et relingues ; La tente du cirque ressemblait à une espèce de vaisseau pirate à l’attache.
Et l’automne planait, sur un paysage lunaire, avec d’immenses landes, une chapelle engourdie, et un charmant village médiéval. Le cirque, venu d’on ne sait où, offrit alors son monde inhabituel. Le patron faisait des annonces comiques - La providence m’a maquillé en comédien. Il en faut !... Les premières places sont payantes, les deuxièmes sont gratuites, les troisièmes par-dessus - L’important c’est que le principal soit l’essentiel !...De la bonne postiche. Il y avait, à l’entrée de piste, une petite sonorisation et des commères zézayantes. Un vrai palais des illusions… Mais le miracle devait quand même s’accomplir. Un garnement à la souquenille pailletée de soleils, battait le tambour, va saltimbanque - Des clowns bonimenteurs, des acrobates, un jongleur de planètes, the family Tout’s, des volatiles venus de nulle part ailleurs. Un extra-terrestre se prenant pour monsieur loyal, vêtu de soie jaune et verte couleur de l’espérance. Le grand mage Ivoitout, mélange heureux, croisé style Ali Bongo et David Couperfils satellisait sur une orbite invisible sa partenaire particulière dans sa drôle de centrifugeuse. Va-t-elle atteindre la septième dimension des pléiades ?... Ce spectacle se termina par l’orchestre folklorique ‘ les Marcels de Cheval’. C’est alors que sous les étoiles Bretonnes, le cirque montra son véritable visage, celui des errants unis vers le Finistère. La toile était devenue un fantôme blafard, les roulottes de grosses bêtes grises, et ce fut un bien joli petit cirque entr’aperçu au Pays des fées.
Ce campement, avec ses volailles, ses roquets, ses remorques, ses baladins des routes perdues et autres fascinateurs, devenait un conte aussi rose que tous les coquillages des mers cinghalaises. Peut-être dans ces roulottes mystérieuses se cachait encore une philosophie en perdition. Le mystère de la vie est dans la vie du mystère.
C’est notre vie qui bâtit notre mort !... C’est notre mort qui construit une nouvelle vie ! Regarde… Ecoute… et comprends !... La vie n’est et ne sera toujours qu’un voyage !…
Le secret : Croire en la nature. Vas devant toi…toujours devant toi… le bonheur, la délivrance et l’oubli sont au bout.


Geser alias Tescelin d’ailleurs